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quinta-feira, 19 de dezembro de 2024

«Est-ce ainsi que les hommes vivent» LEO FERRÉ / ARAGON *


                                                 

 https://www.youtube.com/watch?v=2Xq2Yf4vhec

PLAYLIST Léo FERRÉ


Tout est affaire de décor

Changer de lit, changer de corps
À quoi bon puisque c'est encore moi
Qui moi-même me trahis
Moi qui me traîne et m'éparpille
Et mon ombre se déshabille
Dans les bras semblables des filles
Où j'ai cru trouver un pays

 

Cœur léger, cœur changeant, cœur lourd
Le temps de rêver est bien court
Que faut-il faire de mes jours?
Que faut-il faire de mes nuits?
Je n'avais amour ni demeure
Nulle part où je vive ou meure
Je passais comme la rumeur
Je m'endormais comme le bruit

 

Est-ce ainsi que les hommes vivent?
Et leurs baisers au loin les suivent

 

C'était un temps déraisonnable
On avait mis les morts à table
On faisait des châteaux de sable
On prenait les loups pour des chiens
Tout changeait de pôle et d'épaule
La pièce était-elle ou non drôle?
Moi, si j'y tenais mal mon rôle
C'était de n'y comprendre rien

 

Dans le quartier Hohenzollern
Entre la Sarre et les casernes
Comme les fleurs de la luzerne
Fleurissaient les seins de Lola
Elle avait un cœur d'hirondelle
Sur le canapé du bordel
Je venais m'allonger près d'elle
Dans les hoquets du pianola

 

Est-ce ainsi que les hommes vivent?
Et leurs baisers au loin les suivent

 

Le ciel était gris de nuages
Il y volait des oies sauvages
Qui criaient la mort au passage
Au-dessus des maisons des quais
Je les voyais par la fenêtre
Leur chant triste entrait dans mon être
Et je croyais y reconnaître
 du Rainer Maria Rilke

 

Elle était brune et pourtant blanche
Ses cheveux tombaient sur ses hanches
Et la semaine et le dimanche
Elle ouvrait à tous ses bras nus
Elle avait des yeux de faïence
Et travaillait avec vaillance
Pour un artilleur de Mayence
Qui n'en est jamais revenu

 

Est-ce ainsi que les hommes vivent?
Et leurs baisers au loin les suivent

 

Il est d'autres soldats en ville
Et la nuit, montent les civils
Remets du rimmel à tes cils
Lola, qui t'en iras bientôt
Encore un verre de liqueur
Ce fut en avril, à cinq heures
Au petit jour que dans ton cœur
Un dragon plongea son couteau

 

Est-ce ainsi que les hommes vivent?
Et leurs baisers au loin les suivent 
Comme des soleils révolus

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* Les mots sont d’Aragon (1897-1982), extraits de son poème « Bierstube Magie allemande » paru dans le Roman inachevé, en 1956, et mis en musique par Léo Ferré et arrangé par Jean-Michel Delaye.

segunda-feira, 10 de janeiro de 2022

[Catherine Sauvage] BLUES - canção de Léo Ferré sobre poema de Aragon

  https://www.youtube.com/watch?v=a9aQQoflCec

On veille on pense à tout à rien
On écrit des vers de la prose
On doit trafiquer quelque chose
En attendant le jour qui vient
La brume quand point le matin
Retire aux vitres son haleine
Il en fut ainsi quand Verlaine
Ici doucement s'est éteint
Plusieurs sont morts plusieurs vivants
On n'a pas tous les mêmes cartes
Avant l'autre il faut que je parte
Eux sortis je restais rêvant
Tout le monde n'est pas Cézanne
Nous nous contenterons de peu
L'on pleure et l'on rit comme on peut
Dans cet univers de tisanes
Jeune homme qu'est-ce que tu crains
Tu vieilliras vaille que vaille
Disait l'ombre sur la muraille
Peinte par un Breughel forain
On veille on pense à tout à rien
On écrit des vers de la prose
On doit trafiquer quelque chose
En attendant le jour qui vient
On veille on pense à tout à rien
On écrit des vers de la prose
On doit trafiquer quelque chose
En attendant le jour qui vient...

Este poema de Aragon evoca suas recordações de vigílias enquanto médico externo no hospital Broussais. 

                              Com efeito, os primeiros versos do poema, não incluídos na canção de Ferré, explicitam essa referência. Mas o poema musicado não deixa de citar o hospital Broussais, indiretamente, enquanto local da morte de Verlaine, «que aqui se extinguiu suavemente».

Mas Aragon, igualmente, evoca o seu período «Dada» e Surrealista. Faz referências à vida precária em Montparnasse, nos anos 1920: «avant l'autre, il faut que je parte...»           Exprime a pobreza e precariedade do artista não reconhecido, com uma expressão (quase) proverbial: «Tout le monde n'est pas Cézanne». 

Aragon não está a referir-se à qualidade ímpar do pintor, mas à sua riqueza pessoal, que lhe permitia viver e pintar, sem se preocupar em ganhar a vida com a sua arte.    
          
 A composição de Léo Ferré faz parte do álbum «Aragon». Ferré interpreta  nele as suas próprias composições, de elevadíssima qualidade; é muito difícil decidir qual delas a «melhor». Eu prefiro esta, «Blues», pois é a que mais me inspira.

                                          
  Aprecio imenso - também - a interpretação de Catherine Sauvage, a expressividade da sua voz e a sobriedade do acompanhamento ao piano,  de Jacques Loussier, no  álbum de 1964, contendo apenas canções a partir de poesias de Aragon. Neste disco, além das composições de Léo Ferré, há canções musicadas por Georges Brassens, Joseph Kosma, Jean Ferrat e Philippe Amar. 


PS1: playlist com as canções de Léo Ferré, que eu mais aprecio: